
Tribune Libre
Par Benjamin Bonnefemne
Le "rêve" européen ...
"La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part". Michel Rocard
Vous ne croyiez pas si bien dire Monsieur le Premier Ministre. Evidemment, l'Etat et l'Europe n'ont pas les moyens de prendre en charge ces personnes qui débarquent maintenant par cargos entiers sur notre continent et quand bien même ce serait le cas, il ne serait pas moral qu'ils le fassent, nos lois faisant de ces personnes qui ont le malheur d'aspirer à une vie meilleure, des délinquants de par leur seule présence sur notre territoire.
Mais la loi de la République est faite "par le peuple, pour le peuple" et doit donc être respectée. Face à cet afflux de migrants il est cependant légitime de se poser des questions quant aux effets pervers de telles lois. Certes, le rôle de l'Etat n'est pas, et ne doit pas être de fournir le gîte et le couvert à ces naufragés de la vie, avec l'argent du contribuable.
Mais peut-on moralement renvoyer ces personnes dans leur pays, dans leur dictature, dans leur terreur? En tant que libéral, je pense que ces personnes devraient avoir la liberté de s'installer sur notre territoire, de tenter leur chance dans un pays (jamais assez mais tout de même) libre, d'essayer de construire un avenir meilleur, prospère pour leurs enfants et pour eux mêmes, à condition évidemment qu'ils subviennent à leurs besoins (education, logement, santé, etc) afin de ne pas représenter un poids pour notre système de protection sociale déjà branlant.
Configuration respectueuse des libertés individuelles mais malheureusement impossible aujourd'hui dans notre pays, mais qui permettrait pourtant de prendre notre part de la misère du monde en offrant les mêmes chances que celles dont nous disposons sans pour autant en supporter la totalité....
Où est Charlie ?
« Ne pas confondre liberté d’opinion et antisémitisme », « une abjection » ; demande d’interdiction de spectacle, apologie du terrorisme, et nous voilà de retour une semaine en arrière !
Nous avons réussi à remonter le temps, oh ne nous réjouissons pas, Charb, Cabu, Wolinski et Tignous sont bien morts, l’attentat a bien eu lieu, mais c’est terminé, nous ne sommes déjà plus Charlie, la liberté d’expression a fait son temps. Quelques petits jours et puis s’en est allée.
Après avoir été abattus par les frères Kouachi, ce que nos caricaturistes nous ont laissé en héritage vient d’être balayé par Dieudonné qui en déclarant « se sentir Charlie Coulibaly » a fait reprendre du service à nos maîtres censeurs. Ils n’acceptent décidément pas que l’on pense différemment, que l’on ne partage pas leurs opinions, et que l’on n’ait pas le même humour alors ils nous refont le coup de la prohibition de la parole et de la pensée.
Alors je l’admets, j’ai pêché, j’ai ri ! C’est nul, mais j’ai ri parce que j’ai vu en cette déclaration, une auto-caricature de ce que cet « humoriste » est devenu. Oui mais voila, je ne suis personne. Les bonnes personnes n’ont pas ri. Celles qui décident ce que l’on a le droit de dire et ce que l’on n’a pas le droit de dire, n’ont pas ri. La gauche qui autrefois aimait choquer les cathos et les bobos n’a pas ri. Suis-je bête … ce sont eux aujourd’hui les bobos.
Les Dieudonné, Zemmour et autres Le Pen n’ont qu’à bien se tenir ! Ils ne pensent pas bien, l’Etat se chargera de les faire bien penser, ou au moins de les faire taire ! Elle est bien loin cette fameuse citation (faussement attribuée à Voltaire), « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire ». Oh, les chiens de garde de la bien pensance, SOS Racisme, l’Union des Etudiants Juifs de France et tous leur amis liberticides viendront vous dire que le racisme n’est pas une opinion. Certes !
Mais derrière ce joli slogan bisounours se cache un problème de taille. Qui juge la pensée? Qui décide que tels ou tels propos sont condamnables?
Max Stirner, philosophe allemand nous avait pourtant prévenu « La liberté ne peut être que toute la liberté, un morceau de liberté n’est pas la liberté »… Alors oui, cela suppose d’avaler parfois quelques couleuvres, et d’accepter d’entendre des choses qui ne nous plaisent pas, qui nous choquent … c’est précisément ce que l’on demandait à ceux qui avaient été choqués par les publications controversées de Charlie Hebdo. C’est ce que défendaient Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, aujourd’hui ils ne sont plus là, et il semblerait que nous ne soyons déjà plus Charlie.